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Cours publics | Culture scientifique et humanités, Sciences humaines et sociales

LA DÉCOLONISATION DES SAVOIRS UNIVERSITAIRES À L’HEURE DE L’ANTHROPOCÈNE : ORIGINES, TENSIONS ET ESPOIRS

Le 28 janvier 2022 De 17:30 à 18:30
Gratuit sur inscription
Le Rize - 23 rue Valentin Hauy 69100 Villeurbanne
Nombre de places restantes : 87
© Dom Fou
© Dom Fou

Dans la foulée de la crise climatique, le sentiment de plus en plus généralisé d’être à l’aube d’une « apocalypse » aurait, entre autres, pour effet de rendre légitime, aux yeux d’un nombre croissant d’acteur·rice·s, l’idée d’une nécessaire décolonisation des savoirs pour y faire face. Première séance du cours de Karine Vanthuyne, anthropologue à l'Université d'Ottawa.

La survie de l’espèce ne reposerait-elle pas sur les systèmes de connaissances écologiques des Premiers peuples, ces derniers étant non pas animés par la logique « extractiviste » des systèmes de savoirs scientifiques occidentaux, mais fondés sur une relation de réciprocité avec les territoires ancestraux ? Or la dénonciation de la colonialité même du concept d’« Anthropocène » (Yusoff, 2018), comme de la représentation des Autochtones comme étant « fondamentalement écologistes » (Melissa, 2006), nous conduit à nous interroger tant sur les enjeux théoriques auxquels la « décolonisation des savoirs » renvoie, que sur les tensions politiques que les discours et actions de ses défenseur·se·s suscitent. Que signifie « décoloniser les savoirs » enseignés en salle de classe ? Quel·le·s sont les porteur·se·s, comme les critiques, de ce mouvement ? L’université, cette institution des Lumières originellement fondée sur la séparation de la raison des perturbations de la passion, peut-elle vraiment devenir le lieu du travail affectif que la décolonisation de ses pratiques pédagogiques ou d’enquête requerrait chez tout·e chercheur·se qui s’y engagerait (Battiste, 2013 ; Zembylas, 2021 ; Stein, 2020) ? Dans ce cours, j’explorerai les origines historiques, fondements théoriques et expressions diversifiés du mouvement pour la décolonisation de la recherche et de l’enseignement universitaire, devenu global. J’analyserai ensuite, à la lumière de mes travaux de recherche sur l’« autochtonisation » des cursus universitaires au Canada, les débats et espoirs que ce mouvement suscite, et ce tant au sein des universités qu’en dehors de leur enceinte.
  • Battiste, M. (2013). Decolonizing education : nourishing the learning spirit. Saskatoon : Purich Publishing Limited.
  • Melissa, N. (2006). Ravens, Storms, and the Ecological Indian at the National Museum of the American Indian. Wicazo Sa Review, 21(2), 41-60.
  • Stein, S. (2020).’ Truth before reconciliation’: the difficulties of transforming higher education in settler colonial contexts. Higher Education Research & Development, 39(1), 156-170.
  • Yusoff, K. (2018). A Billion Black Anthropocenes or None. Minneapolis : University of Minnesota Press.
  • Zembylas, M. (2021). Refusal as affective and pedagogical practice in higher education decolonization: a modest proposal. Teaching in Higher Education, 1-16.
Avec :
Karine Vanthuyne, professeure agrégée d'anthropologie, directrice du Groupe de recherche interdisciplinaire sur les territoires de l’extractivisme (GRITE) et titulaire d'une chaire en enseignement universitaire à l'Université d'Ottawa.

Calendrier du cours public 2022 de Karine Vanthuyne

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